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  • Description

Appelé Agame des Colons, Agame africain ou encore Margouillat des colons, il s’agit du plus grand reptile naturalisé de l’île de La Réunion et atteint un maximum de 40cm de longueur totale.

Il est reconnaissable à ses deux marques rouges. L’une enveloppe la tête et descend jusqu’à l’attache des membres supérieurs, l'autre, plus ou moins étalée, est localisée au milieu de la queue. Le reste du corps est brun à bleu nuit, plus ou moins teinté de gris pâle ou de gris foncé suivant l’humeur des individus.

La femelle est plus petite, brune teintée de gris, moins foncée que le mâle, avec une bande longitudinale orangée sur les flancs.

Les sub-adultes et les jeunes ont la tête bariolée de lignes jaunes à vert pâle, parfois avec le dessus de la tête pointillé de vert et avec un trait jaune sur les flancs.

 

  • Origine et répartition actuelle

L’Agame des colons est à l’origine distribué dans tout l’ouest de l’Afrique sub-saharienne. Au nord sa distribution atteint la limite sud du Sahara, à l’est l’Ouganda et au sud l’Angola.

Il a également colonisé avec succès d’autres régions du monde. Sa dispersion s’est faite par transport intentionnel ou non d’individus par l’Homme.

Il a ainsi été relâché ou s’est échappé d’animalerie en Floride (Etats Unis). Il a également été introduit à Malte et en Sicile (îles de la Méditerranée) mais les individus ont été capturés avant de pouvoir établir une population reproductrice. Un individu a été observé sur l’île de Santo Antão (îles du Cap vert dans l’Atlantique).

Concernant l’Océan indien, des individus ont été observé à Madagascar (aéroport de Antananarivo, 2004) et aux Grandes Comores (introduction estimée en 1998 à Moroni).

 

Les premières observations d’une population d’Agames des colons à La Réunion ont été faites par des dockers du Port et remontent à 1996. Il est donc probable qu’il soit arrivé par bateau et débarqué au niveau du Port vers 1995.

 

Il semble pour l’instant se cantonner aux zones arides et rocailleuses des bas de l’ouest de l’île. Depuis 1995 sa répartition s’est néanmoins étendue. Une étude de Master 1 a permis de définir cette distribution : l’Agame des colons est aujourd’hui présent sur une bande plus ou moins continue entre la Possession et l’étang de Saint Paul. Il existe une population qui semble isolée à Saint Denis. La dynamique d’expansion de l’espèce est difficilement interprétable. Toutefois il est certain que celle ci dépend à la fois des capacités de dispersion naturelle de l’espèce mais également des activités anthropiques tels que les transports de marchandises ou de terre, ou encore des captures volontaires. On le retrouve principalement dans des zones dégradées et anthropisées : parking, bord de routes, ravines, friches secondaires …

 

  • Comportement et reproduction

On peut apercevoir l’Agame des colons perché au sommet des toits, sur les murs, les trottoirs, les passerelles, les rochers et les arbres. On peut également l’observer au sol sous les arbustes, sur les pelouses ou encore sur les parkings. C’est un reptile extrêmement rapide dont la distance de fuite peut être importante. Dès qu’on l’approche il qui se cache dans les fissures des murs ou des arbres ou encore sous les rochers.

 

Cet Agamidae est fortement territorial. Chaque territoire abrite un groupe familial qui comporte un mâle dominant, trois ou quatre femelles adultes et des jeunes. Parfois le groupe comprend également un ou deux mâles subordonnés (généralement des sub-adultes). Les mâles dominants prennent le site de thermorégulation le plus élevé du territoire, les mâles subordonnés prennent les sites situés en dessous, suivis par les femelles. La taille des territoires dépend de la qualité de l'habitat (quantité de nourriture notamment) et des capacités du mâle dominant à défendre son territoire.

Les affrontements entre mâles en période de reproduction sont composés d’une série de feintes, de menaces et d’attaques. Lors de l’intrusion du rival sur le territoire, le mâle résident déploie sa poche gulaire et balance sa tête. Le rival peut alors soit se retirer soit rester. Dans ce cas le mâle résident charge l’intrus, change de couleur et menace encore son adversaire en sautillant de côté la bouche ouverte. Si l’intrus ne s’enfuit pas les deux mâles se mettent dos à dos et frappent l’adversaire avec leur queue. Les parades d’intimidation ont pour rôle essentiel d’éviter les combats et donc les blessures qui peuvent en résulter.

 

L’Agame des colons est essentiellement en activité les jours de beau temps bien que les femelles et les jeunes semblent plus tolérants à la pluie. Comme beaucoup de reptiles, il passe une partie de la journée au soleil, généralement le matin afin de réguler sa température corporelle.

 

La reproduction a lieu pendant la saison humide bien qu’elle puisse avoir lieu toute l’année dans les régions où la température est constante. Le mâle s’approche de la femelle par l’arrière et soulève puis abaisse plusieurs fois sa tête et sa poitrine. Lorsque la femelle est réceptive elle voûte son dos en dressant la queue et la tête. Le mâle avance à côté d’elle et la saisit par le cou avec sa mâchoire. Il met alors ses pattes (les droites ou les gauches selon leur position respective) sur son dos, formant ainsi un angle de 90° avec la femelle afin de positionner son cloaque contre celui de la femelle. Il utilise sa queue pour introduire l’un de ses hémipénis. L’accouplement dure généralement 1 à 2 minutes puis la femelle se dégage.

La femelle pond ses œufs dans un trou de 5 cm de profondeur qu’elle a creusé avec son museau et ses griffes généralement dans un sol sableux ou humide.

 

 

Caractéristiques de reproduction Données existantes
Nombre de ponte par saison de reproduction  3 pontes (Floride)
Taille de ponte  3-9 œufs (Afrique) ; 5-18 œufs (Floride)
Durée d’incubation  8-10 semaines (Nigéria)
Taille à la naissance  7.5 cm
Maturité sexuelle  Femelles : 14-18 mois ; Mâles : 2 ans

 

 

Son principal compétiteur à La Réunion pourrait être l’Agame arlequin Calotes versicolor et il est fréquent d’observer les deux espèces sur le même site. Ces deux espèces introduites semblent pourtant se côtoyer sans qu’aucun comportement agressif ne soit observé de part et d’autre. Il est possible qu’ils partagent spatialement l’espace. Dans les cas de syntopie, les Agames arlequins semblent favoriser la strate arbustive et arborée, plutôt que le sol, occupé majoritairement par l'Agame des colons.

 

  • Régime alimentaire

L'Agame des colons est un omnivore opportuniste. Son régime alimentaire est principalement constitué d’insectes. Durant la saison humide il consomme également des graines et des fruits. Il est par ailleurs connu pour s’attaquer à ses propres jeunes, ainsi qu’aux petits reptiles, oiseaux et mammifères vivants ou morts.

L’Agame des colons est un chasseur à l’affût. Chassant à vue, il reste immobile dans la végétation ou sous rochers et attend qu’un insecte ou un petit animal passe près de lui pour attaquer. Il possède une langue couverte de glandes à mucus qui l’aide à capturer les petites proies comme les fourmis ou les termites.

 

  • Taxinomie

Agama agama est un squamate appartenant au groupe des Agamidés.

Il s’agit d’un complexe d’espèces. Aujourd’hui 9 sous-espèces sont généralement reconnues dans la littérature scientifique.

La sous-espèce présente à La Réunion est en cours d’identification.

 

  • Quelle menace pour les reptiles endémiques ?

Sa grande taille, son agressivité et son régime omnivore opportuniste en font une espèce potentiellement dangereuse pour les geckos endémiques de La Réunion. Fort heureusement, son aire de répartition actuelle ne recouvre pas celle des espèces endémiques de l’île. Toutefois, si ce grand lézard venait à s'étendre jusque dans les zones de répartition du Gecko vert de Manapany, il est possible qu'il prédate celui ci. Par ses préférences pour les milieux dégradés et anthropisés, il est moins probable que ce lézard s'installe dans l'aire de répartition du Gecko vert des Hauts, principalement forestier.


Si l’Agame des colons s'étend sur l'aire de répartition déjà réduite du Gecko vert de Manapany, il pourrait conduire à la raréfaction puis l'extinction de cette espèce endémique patrimoniale.